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L’équipement ambitieux, tant sur le plan de sa réalisation que dans son architecture, s’avérera grandiose et donnera à l’Europe sa seconde plus grande gare.
Au-delà de la Vallée d’Aspe, à quelques encablures de la frontière française, se trouve un endroit à l’histoire surprenante et singulière : la gare de Canfranc. Ce projet voit le jour sous l’impulsion de l’Espagne à la fin du 19ème siècle. Il se veut alors à l’image du dynamisme du royaume et de sa volonté d’ouverture vers le Nord, via un franchissement ferroviaire transpyrénéen occidental. L’équipement ambitieux, tant sur le plan de sa réalisation que dans son architecture, s’avérera grandiose et donnera à l’Europe sa seconde plus grande gare. Les travaux de l’imposant bâtiment débuteront en 1922 pour s’achever six années plus tard.
À l’été 1928, le Président français Gaston Doumergues et le roi d’Espagne Alphonse XIII, inaugurent en grande pompe la station internationale, venant marquer le point de transbordement transfrontalier visant à relier Madrid à Paris, via Saragosse et Pau. L’époque fait alors la part belle aux chemins de fer et à ses mythiques trains, symboles d’un temps révolu, où le voyage rimait avec lenteur, élégance et art de vivre.
Crise financière, incendie et guerre civile espagnole, aboutiront à l’obstruction du tunnel en 1936. La gare de Canfranc, victime des soubresauts de l’histoire, n’atteindra jamais le niveau de trafic espéré. En 1970, le coup de grâce de la ligne internationale sera donné par son versant Nord… Un train de marchandise en provenance de Pau se voit privé de ses freins en pleine montée vers les Forges d’Abel. Il dévale alors en arrière sur la voie, atteint une vitesse excessive au niveau du pont de l’Estanguet, déraille et termine sa course effrénée en emportant avec lui une partie du pont dans le gave d’Aspe. Les dégâts son conséquents et la décision est sans appel : fermeture de la ligne.
La gare internationale espagnole n’est alors plus reliée au réseau français et devient exactement l’inverse de ce pourquoi elle avait été imaginée : une voie sans issue. L’immense bâtiment est déserté ; la lente agonie du magistral vaisseau est enclenchée. Saison après saison, l’incroyable structure subit les outrages du temps et sombre peu à peu sous la végétation.
Comme beaucoup d’entre-nous, je connaissais essentiellement l’endroit de par sa réputation.Lors de quelques escapades en direction de la ville de Jaca, j’avais eu la curiosité de m’y arrêter.Abandonné et fantomatique, l’endroit était ahurissant et irréel.Le site demeurait pourtant digne et majestueux, marqué du sceau de l’histoire.L’atmosphère qui y régnait fleurait bon la Belle Epoque avec ses guichets en bois, ses marbres blancs sculptés, ses panneaux bilingues émaillés et ses marquises de fer forgé protégeant les abords des quais…Il ne manquait que les acteurs dans ce décor de cinéma figé dans le temps, qui semblait pourtant prêt à ressusciter à la première étincelle.
Canfranc Estación : Le Phénix renaît de ses cendres !
Après un demi-siècle d’inactivité, le site classé est destiné à un projet d’envergure permettant d’envisager un nouveau départ pour la belle endormie : La gare de Canfranc renouera avec son prestigieux passé et se transformera en hôtel de luxe !C’est en 2018 que les travaux s’engagent ; ils dureront cinq années. Le 27 janvier 2023, la gare historique termine sa mue et ouvre à ses premiers clients.
À 1200 mètres d’altitude, le « Canfranc Estación, a Royal Hideaway Hotel » brille désormais de ses 5 étoiles, pour offrir ses meilleures services à la frontière franco-espagnole, aux confins du Béarn et de l’Aragon.
Tel un guichet, la réception de l’hôtel se trouve aujourd’hui dans le hall historique de la gare...Sous une splendide voute de bois, digne d'une cathédrale !
De part et d’autre de l’ancienne salle des pas perdus, les vestiges du passé international des lieux ont été soigneusement conservés…
Une centaine de chambres et suites, une piscine, un SPA, des bars et restaurants viennent étoffer l’offre de ce nouveau vaisseau pyrénéen.La décoration résolument Art déco est particulièrement élégante et soignée. Le choix des mobiliers, couleurs, matières et autres évocations ferroviaires détournées, créent une atmosphère qui fleure bon les voyages d’antan.
Deux wagons d’époque ont été rénovés et installés sur le quai historique ; Ils sont à présent destinés à accueillir le restaurant haut de gamme de l’établissement.
Les aménagements extérieurs ont eux aussi été soigneusement repensés afin de conserver l’immersion dans la fonction première des lieux, tout en végétalisant les espaces.
La gare ferroviaire de Canfranc est quant à elle toujours en activité.Reléguée en second plan, elle a pris place dans une petite structure moderne, sur fond sublime des Pyrénées.
Aujourd’hui la ligne permet de rejoindre Jaca et au-delà, les principales destinations espagnoles.Dans un avenir proche, gageons que les quelques kilomètres de voies manquantes côté français seront réhabilités, pour enfin permettre de relier le terminus actuel (gare de Bedous) jusqu’à la frontière…Un dénouement qui rétablirait le lien transfrontalier et mettrait sa dernière touche à la renaissance de Canfranc Estación !
Crédits photos : Pireneas - Wikipedia - Eddy Delobel / Pau Pyrénées Tourisme
Eddy - Bien dans ma ville face aux Pyrénées, je vais vous faire partager mes coups de cœur et autres pépites locales...
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